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Techno-pop
Interview |
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Fad
Gadget |
Figure
parmi les plus mésestimées de la scène musicale des années 80, Fad
Gadget, alias Frank Tovey, revient aujourd'hui sur le devant de la
scène avec un best of, prélude à de nouvelles aventures. |
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Avec ses cheveux ras et son look "tout jeans", le Frank Tovey 2001
ne présente que peu de ressemblances avec celui, mi-ange maudit, mi-clown
triste, dont les pochettes des disques de Fad Gadget nous ont transmis
l'image. Au lendemain d'une performance au Festival Aquaplaning d'Hyères
qui n'a laissé personne indifférent, et avant de s'embarquer avec
Depeche Mode pour assurer la première partie de ses concerts, l'homme
est à Paris pour évoquer avec la presse la sortie d'un best of mérité.
L'occasion avec lui le point sur son parcours, ses projets, et de
revenir sur la trajectoire d'un groupe hors normes, trop difficile
à cataloguer (techno-pop ?musique électronique expérimentale ? glam-rock
industriel ?) pour avoir pu prétendre au succès (à cet égard, on lira
le très beau texte de Paul Morley joint au livret de la compilation).
Cicatrices
Né à Londres, c'est au lycée que Frank Tovey commence ses aventures
musicales. Non musicien, mais admirateur de Marc Bolan, Iggy Pop,
David Bowie, il expérimente déjà à partir de boucles enregistrées
sur bande. Mais c'est à Leeds, durant ses études d'art que va se préciser
sa vocation. Sur fond d'explosion punk, il étudie pendant plusieurs
années les arts de la performance : cette discipline l'influencera
profondément, chacun de ses concerts devenant un véritable happening
au cours de laquelle Frank Tovey, mi-Iggy Pop, mi-Genesis P. Orridge
(Throbbing Gristle), se donne à corps perdu.Au cours de notre entretien,
il m'exhibera d'ailleurs son ventre, couverts de cicatrices datant
de son dernier concert, il y a sept ans.
De retour à Londres à la fin des années 70, il loge dans un minuscule
appartement, dans le réduit duquel il stocke ses instruments - un
synthétiseur, un magnétophone et une boîte à rythme. A un concert,
il rencontre Daniel Miller, qui vient de fonder le label Mute, à l'origine
pour publier sa propre musique. De cette rencontre naîtra une solide
amitié, et Fad Gadget, groupe à géométrie variable articulé autour
de Tovey, peut s'enorgueillir, avec son single Back To Nature
(1979), d'être le premier artiste "extérieur" signé sur Mute, bien
avant Nick Cave ou Depeche Mode (qui assurera d'ailleurs à ses débuts
la première partie de Fad Gadget). Fireside Favourite (1980),
puis Incontinent (1981), les deux premiers albums de Fad Gadget,
confirme que la musique du groupe est bien difficile à étiqueter :
proche, par ses sonorités électroniques et ses aspects expérimentaux,
de groupes comme Cabaret Voltaire, Suicide ou Throbbing Gristle, cette
musique renferme également quelque chose d'irréductiblement pop, héritage
probable de l'amour de Tovey pour Bolan ou Iggy ; le tout, dominé
par la belle voix grave du chanteur et compositeur, et par ses textes
où l'étrange et la critique sociale font bon ménage. Electronique,
la musique de Fad Gadget l'est autant par amour de l'expérimentation
que par la force des choses: "Lorsque je suis revenu à Londres,
je me suis retrouvé sans musiciens. Je me suis demandé alors comment
faire de la musique personne autour de moi, et c'est uniquement dans
ce but que j'ai eu l'idée d'acheter une boite à rythme. Ce n'était
pas parce que c'était à la mode, parce que d'autres groupes utilisaient
alors des boîtes à rythmes ou des synthétiseurs". S'il a parfois
été associé aux groupes de la vague synthétique du début des années
80, comme Human League ou ABC, Frank Tovey confirme ne s'être jamais
senti avec eux d'affinités particulières. Avant de partir, il tiendra
même à préciser qu'il ne souhaite en aucun cas que la reprise de son
activité, soit associée au "revival eighties" actuel. Il dit se reconnaître
davantage dans le talent d'un groupe comme Radiohead pour conjuguer
une démarche expérimentale et un potentiel commercial.
Avatars
Si des morceaux comme Back To Nature, Love Parasite
ou Collapsing New People deviendront des hits underground,
et si la critique se montrera régulièrement enthousiaste à son sujet,
Fad Gadget ne réussira pour autant jamais à rencontrer le succés auquel
les talents de songwriter de Frank Tovey le prédisposaient. Le groupe
n'en continue pas moins de sortir des disques (en 1982, puis 1984
verront le jour ses deux meilleurs albums, Under The Flag et
Gag), ni de donner des concerts qui, parfois, frisent l'hystérie.
En 1985, Frank Tovey décide de mettre fin à l'existence de son avatar
Fad Gadget, en partie pour des raisons commerciales : il vient de
composer Luxury, tube potentiel auquel l'image "sombre" de
Gadget barre l'accès aux radios. Mais bien que sorti sous son nom
propre, son single ne parviendra pas à devenir un hit autre que confidentiel.
Puis, après trois albums sous on nom, Tovey fonde en effet, à l'orée
des années 90 et avec un groupe de musiciens irlandais, les Pyros,
formation dans laquelle il abandonne tout recourt à l'électronique.
Sabordé en 1994 après deux albums, les Pyros constituaient jusqu'à
récemment la dernière trace musicale de Frank Tovey. Jusqu'à ce qu'après
s'être doté d'un "équipement musical à la pointe de la technologie",
le musicien soit sollicité, l'an dernier, par un groupe autrichien,
Temple X, pour produire son album. Le travail avec temple X, qui l'accompagne
aujourd'hui sur scène, s'avérera déterminant : "Lorsque j'ai fait
leur album - Temple X est un groupe de "rock", disons, un groupe à
guitares -, lorsque j'ai mixé les éléments enregistrés live en studio
sur ordinateur, les choses sont devenues de plus en plus électroniques
: c'est là, que je me suis rendu compte que c'était ce que je voulais
faire de nouveau, que l'aspect électronique était redevenu la chose
qui m'intéressait le plus". La compilation qui vient aujourd'hui
documenter le travail de Fad Gadget tombe donc à point nommé. En attendant
de nouveaux morceaux promis pour l'année prochaine, elle permet en
effet de prendre conscience de l'importance de ce groupe unique et
de lui rendre sa juste place qui est justement de ne pas en avoir.
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David
Sanson
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Fad
Gadget
The Best Of ....
(Mute/Labels) |
C'est une
évidence un best of n'a jamais remplacé les albums d'un groupe.
Au mieux, il permet à un nouveau public de le découvrir, et
au fan de toujours de se délecter d'une certaine dose d'inédits.
Avec ce double-CD qui adjoint aux singles de Fad Gadget un disque
de remixes rares, ces deux critères sont remplis, et dans le
cas d'un groupe aussi mésestimé que celui-ci, l'entreprise prend
tout son sens. Une écoute à prolonger d'urgence par celle des
albums d'origine, Gag ou Under The Flag notamment.
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D.S
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